L’entreprise à l’œuvre : l’usine de Flins expose « les constructeurs » de Fernand Léger - Mercredi 05 Novembre 2014Mouna Sepehri - Fleur Pellerin • Le lundi 3 novembre, Fleur Pellerin, Ministre de la Culture et de la Communication, a inauguré l’exposition du tableau de Fernand Léger « Les constructeurs » à l’usine de Flins, aux côtés de Mouna Sepehri, Directeur Délégué à la Présidence, membre du comité exécutif du groupe Renault .
• « Les constructeurs » de Fernand Léger sera exceptionnellement exposé au cœur des ateliers de l’usine du 3 au 7 novembre dans le cadre de l’opération « L’entreprise à l’œuvre », initiée par le Ministère de la Culture et de la Communication.
• Les collaborateurs du site pourront découvrir cette toile, intimement liée à l’histoire de Renault, grâce à une organisation spécifique mise en place par la direction de l’usine.
L’usine de Flins accueille du lundi 3 au vendredi 7 novembre, la toile « Les Constructeurs » de Fernand Léger, peinte en 1950. Cette opération s’inscrit dans le dispositif lancé par le Ministère de la Culture et de la Communication, « L’Entreprise à l’œuvre », qui vise à conjuguer culture et monde du travail, en favorisant la rencontre et l’échange entre le monde de l’art et celui de l’entreprise.
Cette exposition exceptionnelle en plein cœur d’un site industriel en activité a été inaugurée le lundi 3 novembre par Fleur Pellerin, Ministre de la Culture et de la Communication, reçue à l’usine de Flins par Mouna Sepehri, Directeur délégué à la Présidence, Membre du Comité Exécutif du Groupe Renault.
La présentation de la toile « Les Constructeurs » sur un lieu de production -en l’occurrence le département Montage de Renault Flins- renoue ainsi avec la volonté originelle de Fernand Léger de voir son œuvre exposée dans les usines. Cela avait d’ailleurs été le cas en décembre 1953 à l’usine de Boulogne-Billancourt, où le tableau avait été présenté dans un réfectoire du site historique de Renault à l’occasion d’une manifestation culturelle destinée aux salariés.
Afin de permettre à tous les collaborateurs de découvrir cette œuvre majeure avec un accompagnement par des conférenciers du Musée Fernand Léger de Biot (Alpes-Maritimes), plusieurs dispositifs seront mis en place par l’usine, compatibles avec les horaires et l’organisation professionnelle et personnelle des collaborateurs.
Dans l’esprit de cet événement hors du commun, l’usine a souhaité également mettre à l’honneur d’autres artistes, passés et actuels, en lien avec le site de Flins. Ainsi, deux autres expositions sont également proposées aux collaborateurs :
- D’une part, pour rendre hommage aux artistes de l’usine, une exposition de photos consacrées aux fresques peintes sur les murs de l’usine dans les années 80 et 90 sera mise en place pendant toute la durée de l’opération.
- D’autre part, à la demande de l’usine, 12 artistes contemporains appartenant au territoire des Yvelines, présenteront leur vision de l’usine de Flins au travers de 11 toiles originales créées pour l’occasion.
L’Entreprise à l’œuvreLe projet L’Entreprise à l’œuvre repose sur des expositions réalisées à partir des collections publiques (comprenant jusqu'à dix œuvres, pour une durée d’une semaine), dans les locaux des entreprises. Pour l’édition 2014, les œuvres exposées sont prêtées par le musée national des arts asiatiques-Guimet à Paris, le musée national Fernand Léger à Biot, le musée national Marc Chagall à Nice, le musée national de la Renaissance au château d’Ecouen et le Centre national des arts plastiques (Cnap). Dans une scénographie soignée, avec un dispositif de médiation varié (visites-conversations, notices-souvenir, webmagazine) et en association avec les comités d’entreprise, chaque exposition rend tangible l’idée de l’art accessible à tous.
En 1953, Fernand Léger avait souhaité présenter sa peinture monumentale Les Constructeurs dans la cantine des usines Renault de Billancourt. C’est ce même tableau, cette fois à l’usine de Flins, qui inaugure l’opération le 3 novembre en présence de la ministre de la Culture et de la Communication.
Les directions régionales des affaires culturelles sont associées à ce programme d’expositions dont la Réunion des musées nationaux – Grand Palais est l’opérateur. Les entreprises sont partenaires.
L’Entreprise à l’œuvre s’inscrit dans le programme ministériel Art et Entreprise, qui comprend aussi les Résidences d’artistes dans les sites industriels et la convention-cadre « Culture et monde du travail » associant le Ministère de la Culture et un ensemble d’organismes représentant plus de neuf mille comités d’entreprises ou assimilés.
Ann Hindry - Fleur Pellerin - Mouna Sepehri Renault et l’artRenault possède une collection d’art moderne, constituée entre 1967 et 1985, puis réinitiée à partir de 2011 riche de quelque 300 œuvres d’une trentaine d’artistes majeurs : Arman, Dubuffet, Tinguely, Vasarely… Des visionnaires qui, au tournant des années 60 et 70, ont renouvelé le rapport de l’art à une société modernisée. Cette période d’effervescence technique, culturelle et sociale fut propice au rapprochement de deux mondes à l’époque très éloignés : l’art et l’industrie.
L’approche de la collection Renault est très singulière et se distingue du mécénat classique : elle ne vise pas l’achat d’objets d’art déjà achevés. La démarche est à la fois plus ambitieuse et pragmatique : œuvrer pour une collaboration active entre des artistes précurseurs et Renault, alors locomotive industrielle d’une France en pleine transformation.
Dans le cadre de cette collaboration, Renault met à disposition des artistes un soutien technique, logistique, humain ou financier. En contrepartie l’artiste laisse à l’entreprise une partie des œuvres produites ; L’aventure débute avec Arman, qui développe alors son art à partir d’objets issus de la vie contemporaine, et accepte avec enthousiasme de venir travailler avec Renault. Au cœur del’entreprise, il va découvrir, comme d’autres artistes ensuite de nouvelles formes et des matériaux inédits.
Un atelier de création inédit pour l’époque qui ouvre la voie à des collaborations fructueuses : fourniture de pièces automobiles pour les expansions de César, expertise des ingénieurs Renault pour répondre aux interrogations techniques d’un Vasarely ou d’un Dubuffet, approvisionnement de Rauschenberg ou de Tinguely qui ironisent sur les débris de la société industrielle…
Si les artistes de la collection sont aujourd’hui mondialement reconnus, tel n’était pas forcément le cas lors de leur collaboration avec Renault. C’était là toute l’audace de ce projet qui fait de Renault un pionnier en mécénat plutôt qu’un simple collectionneur.
La Collection d’Art de Renault fait l’objet d’expositions régulières à travers le monde contribuant ainsi à la notoriété de l’entreprise.
Comme un ouvrier, le peintre a travaillé le thème des constructeurs : « Quand j’ai bâti les constructeurs, je n’ai pas fait une concession plastique. C’est en allant chaque soir à Chevreuse en voiture, sur la route, que cette idée m’a pris… J’ai voulu rendre cela : le contraste entre l’homme et ses inventions, entre l’ouvrier et toute cette architecture métallique, ce fer, ces ferrailles, ces boulons, ces rivets. Les nuages je les ai placés techniquement, mais ils jouent par contraste… ». Parti de croquis sur le vif et d’un grand nombre d’études préliminaires, le peintre retourne à un sujet plus réaliste, un sujet prétexte à un art direct qui s’adresse avant tout aux travailleurs. La série des constructeurs, une dizaine de tableaux et plusieurs études, annonce Les Constructeurs (état définitif), la version la plus aboutie. Jouant sur les fausses perspectives et les couleurs, Léger organise un espace quadrillé par les poutrelles dressées à l’infini. Deux mouvements animent la composition : au premier plan, celui de la corde, au fond du tableau, celui des nuages. Les ouvriers bâtisseurs, tels des acrobates, défient les lois de l’équilibre. L’œuvre est présentée à la maison de la pensée française en 1951, puis, Léger, Impatient de connaître le sentiment des travailleurs vis-à-vis de son œuvre, accroche ses Constructeurs dans la cantine de l’usine Renault de Billancourt. : « J’ai apporté les constructeurs aux usines Renault et on les a installés dans une cantine. À midi, les gars sont arrivés… mes toiles leur semblaient drôles. Moi je les écoutais et j’avalais tristement ma soupe. Huit jours plus tard je suis retourné manger à la cantine. L’atmosphère avait changé… Qui sait, les toiles les intriguaient-ils ?... Un gars me dit : ‘vous allez voir, ils vont s’apercevoir mes copains, quand on aura enlevé les toiles, quand ils auront le mur tout nu devant, ils vont s’apercevoir ce que c’est que vos couleurs…’ ça fait plaisir ça !... ».
Source : Communiqué de Presse Renault (du 04 novembre 2014)